PREMIER PRINCIPE DE LA FOI BAHA'IE : LA RECHERCHE PERSONNELLE ET INDÉPENDANTE DE LA VÉRITÉ [4]

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Deuxièmement, la Foi bahá'íe reconnaît les sciences profanes comme étant dignes d'intérêts et recelant de nombreuses vérités. Les religieux devraient donc les considérer comme telles et accepter de les étudier.

« Dans la troisième Effulgence (Tajallí) du livre des Effulgences (Tajallíyát), nous avons mentionné : Les arts, les métiers et les sciences enrichissent le monde de l'existence et contribuent à son exaltation. La science est comme des ailes pour la vie de l'homme et une échelle pour son ascension. Il incombe à chacun de l'acquérir. Néanmoins, il faudrait acquérir des sciences qui soient profitables aux peuples de la terre, et non celles qui commencent par des mots et finissent par des mots. Grand est le droit des savants et des artisans sur les peuples du monde. De ceci témoigne, de manière évidente, le Livre-Mère. » (Bahá'u'lláh, Épître au fils du Loup)

Troisièmement, les écrits bahá'ís nous enseignent que la science et la religion sont non seulement véridiques mais aussi complémentaires. Les écrits sacrés des religions servent à appréhender des réalités d'ordre spirituelle et les écrits des sciences profanes servent à approcher la réalité de notre monde matériel.

« La religion et la science sont les deux ailes qui permettent à l'intelligence de l'homme de s'élever vers les hauteurs, et à l'âme humaine de progresser. Il n'est pas possible de voler avec une aile seulement. Si quelqu'un essayait de voler avec l'aile de la religion seulement, il tomberait bientôt dans le marécage de la superstition, tandis que, d'autre part, avec l'aile de la science seulement, il ne ferait aucun progrès mais sombrerait dans la fondrière désespérante du matérialisme. » (Abdu'l-Bahá, Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris)

Il incombe donc à toute âme qui est éprise de vérité de considérer toutes les sciences comme étant des moyens de l'obtenir. J'approfondirai cette unité entre la science et la religion dans un article ultérieur, car elle est aussi un des principes de la Foi bahá'íe.

I - Les obstacles qui freinent tout chercheur sincère de vérité

Plusieurs obstacles peuvent empêcher tout processus sain de recherche indépendante de la vérité. L'un de ces obstacles est le fait d'imiter aveuglément d'autres personnes. Les écrits bahá'ís nous enseignent que le fait d'imiter aveuglément d'autres personnes, fussent-elles de notre propre famille, entrave la progression spirituelle.

« Le premier enseignement est la recherche indépendante de la vérité, car l'imitation aveugle du passé entrave le développement spirituel. Lorsque chaque âme fera sa propre recherche sur la vérité, alors la société sera délivrée de l'obscurantisme consistant à répéter éternellement le passé. » (Sélection des écrits d'Abdu'l-Bahá)

Souvent, les hommes s'en tiennent à ce qui a libre cours comme croyance, pratique et rite dans leurs familles, se contentant de les reproduire et d'y souscrire de générations en générations, sans se poser la question du bienfondé de ce qu'ils imitent aveuglément.

« Un homme est juif parce que son père était juif. Le musulman, dans sa croyance et sa pratique. suit implicitement les pas de ses ancêtres. Le bouddhiste est fidèle à son hérédité de bouddhiste. C'est-à-dire qu'ils professent aveuglément et sans recherche la croyance religieuse, rendant impossibles unité et accord. Il est donc évident qu'on ne pourra remédier à cette situation sans une réforme dans le monde de la religion. » (Abdu'l-Bahá, Les bases de l'unité du monde)

Cet état de fait existe depuis plusieurs siècles, et les Livres sacrés n'ont eu de cesse de dénoncer ce phénomène d'imitation aveugle.

« Et c'est ainsi que Nous n'avons pas envoyé avant toi d'avertisseur en une cité, sans que ses gens aisés n'aient dit: « Nous avons trouvé nos ancêtres sur une religion et nous suivons leurs traces. » (Coran, Sourate 43, verset 23)

Cette attitude n'est pas conforme à ce que Dieu attend de chacun de nous. La religion n'est pas une affaire d'imitation aveugle, de fanatisme, mais plutôt le fruit d'une décision mûre, équilibrée et réfléchie.

« Toutefois, par religion s'entend ce qui est confirmé par la recherche, et non ce qui est fondé sur l'imitation pure et simple du passé, les fondements de la religion divine et non les imitations humaines. » (Abdu'l-Bahá, Les bases de l'unité du monde)

Dieu a conféré à chaque homme la faculté et la capacité de raisonner et de comprendre par lui-même la vérité.

« Dieu a donné à l'homme l'oeil de la recherche par lequel il peut voir et reconnaître la vérité. Il a donné à l'homme des oreilles afin qu'il puisse entendre le message de la réalité et lui a conféré le don de raison par lequel il peut découvrir les choses pour lui-même. C'est sa dotation et son matériel pour la recherche de la réalité. » (Abdu'l-Bahá, Les bases de l'unité du monde)

Et c'est seulement du fruit de cette recherche dont l'homme devra tenir compte pour orienter sa vie.

« Il ne doit pas se fier implicitement à l'opinion de quiconque sans recherche; bien plus, chaque âme doit chercher intelligemment et indépendamment pour arriver à une conclusion réelle et pour n'être liée qu'à cette réalité. » (Abdu'l-Bahá, Les bases de l'unité du monde)

Puisque la religion est renouvelée régulièrement, par l'envoi de messagers successifs à travers les âges, l'humanité est invitée à prendre connaissance des nouvelles paroles divines pour que sa progression spirituelle puisse prendre son essor.

« Parmi ces enseignements il y a la recherche indépendante de la réalité, afin que le monde de l'humanité puisse être sauvé de l'obscurité de l'imitation et parvenir à la vérité; puisse déchirer et jeter son vêtement usé et en lambeaux d'il y a mille ans, et mettre la robe tissée sur le métier de la réalité, dans la plus extrême pureté et la plus extrême sainteté. » (Abdu'l-Bahá, Les bases de l'unité du monde)

Si tout le genre humain adoptait ce principe de recherche personnelle et indépendante de la vérité, l'esprit partisan, le fanatisme et les derives sectaires, responsables de tant de conflits sur la surface du globe, s'estomperaient.

« La plus grande cause de privation et de découragement dans le monde de l'humanité est l'ignorance ayant pour base l'imitation aveugle. C'est pour cette raison que règnent les guerres et les batailles; c'est de cette cause que la haine et l'animosité s'élèvent continuellement parmi les hommes. » (Abdu'l-Bahá, Les bases de l'unité du monde)

Une des autres entraves empêchant la recherche de la vérité est l'orgueil... Mais qu'est-ce que donc que l'orgueil ?

Le prophète Mouhammad a dit : « L'orgueil consiste à rejeter la vérité et à mépriser les autres. » (rapporté par Muslim)

Le sentiment d'orgueil naît quand une personne se sent supérieure à une autre. Les messagers de Dieu n'ont eu de cesse de nous mettre en garde contre cela.

« Toutes les religions nous apprennent que nous devrions nous aimer les uns les autres, que nous devrions rechercher nos propres défauts, avant de nous permettre de condamner les fautes d'autrui, et que nous ne devons pas nous considérer comme étant supérieurs à notre prochain. » (Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris)

Aussi, une personne qui cherche la vérité devrait avoir perpétuellement cette sagesse en tête :

« L'humilité consiste à reconnaître que n'importe quelle créature dans l'Univers est susceptible de nous enseigner ce que nous ignorons. » (Jalál Ad-Dîn Rûmî)

Une des autres entraves à la recherche sincère et indépendante de la vérité est l'amour du pouvoir et des richesses mondaines. Mais en quoi l'amour du pouvoir et des richesses mondaines peut-il être un obstacle pour se mettre sincèrement en quête de vérité ? Eh bien, dans l'histoire de l'humanité, la plupart des royaumes et des gouvernements étaient entre les mains de personnes qui avaient des attitudes tyranniques et qui accordaient bien plus d'importance aux mondanités qu'à la vérité. Et la plupart des hommes les ont suivi sur ce sombre chemin.

Allah - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Et si tu obéis à la majorité de ceux qui sont sur la terre, ils t'égareront du sentier d'Allah: ils ne suivent que la conjecture et ne font que fabriquer des mensonges. » (Coran, Sourate 6, verset 116)

Il en est ainsi parce que la plupart des rois étaient davantage préoccupés d'asseoir leur pouvoir temporel et de jouir de celui-ci que de se mettre en quête de vérité et d'authenticité. Et tant pis s'il fallait se lancer dans d'incessantes guerres et terroriser les peuples.

« Considérez combien de rois ont trôné en conquérants à travers l'histoire. Parmi eux furent Hulagu Khan et Tamerlan qui s'emparèrent du vaste continent d'Asie, Alexandre de Macédoine et Napoléon Ier qui brandirent leurs poings arrogants sur trois des cinq continents de la terre. Et qu'apportèrent leurs puissantes victoires ? Les nations en furent-elles plus florissantes, le bonheur en résulta-t-il, un quelconque trône résista-t-il ? » (Abdu'l-Bahá, Les Secrets de la civilisation divine)

Quand les messagers divins apparurent, ceux-ci intimaient, à chaque roi de leur époque, de les reconnaître, de suivre les Lois divines et de se soumettre à leur autorité spirituelle. Ce fut le cas de Moïse avec Pharaon, de Mouhammad avec Chrosoës, du Báb avec le Sháh et de Bahá'u'lláh avec le Sultán et les souverains européens. Et la réponse de ces rois fut invariablement presqu'identique...

« Te souviens-tu de celui dont la puissance dépassait ta puissance (Napoléon III) et dont le rang surpassait le tien ? où est-il ? Où sont allées les choses qu'il possédait ? Tires-en la leçon et ne sois pas de ceux qui dorment profondément. C'est lui qui jeta à terre la Tablette de Dieu lorsque nous lui fîmes savoir ce que les armées de la tyrannie Nous avaient fait subir. Alors le déshonneur l'assaillit de toutes parts, et il s'écroula dans la poussière avec pertes et fracas. » (La proclamation de Bahá'u'lláh)

C'est quasiment toujours avec mépris et dédain que la plupart des rois ont accueilli les messages que leur adressaient les messagers de Dieu. Et la raison de cette attitude est que leur pouvoir et leur puissance apparente en ce monde les ont aveuglé.

« Pour ce que tu as fait, ton royaume sera jeté dans la confusion ; en punition de tes actes, ton empire t'échappera. Tu comprendras alors à quel point tu t'es égaré. Dans ton pays, l'agitation s'emparera du peuple, à moins que tu ne te lèves pour soutenir cette Cause et ne suives dans ce droit chemin celui qui est l'Esprit de Dieu. Ton faste t'a-t-il enorgueilli ? Par ma vie, il ne durera pas ! Et même, il disparaîtra bientôt, à moins que tu ne saisisses fermement cette corde solide. Nous voyons l'humiliation te menacer, et toi, tu restes insouciant. » (Bahá'u'lláh, Épître au fils du Loup)

Il en fut de même pour les responsables religieux. De tout temps, la très grande majorité d'entre eux ont rejeté le nouveau message que Dieu leur adressait pour continuer de jouir des privilèges et de l'éminente position sociale que le statut d'érudit leur conférait.

« De tout temps les chefs religieux ont tenu les peuples sous leur joug et les ont détournés des rivages du salut éternel, les uns par amour du pouvoir, les autres par ignorance. » (Bahá'u'lláh, Livre de la Certitude)

Il en est ainsi parce que la plupart des messagers de Dieu appelaient les hommes à servir leur semblable et à sacrifier leurs vies sur le sentier de Dieu, pour une vie de lutte, de service et d'humilité, ce qui était totalement inacceptable pour ces hommes qui étaient imbus de leurs privilèges.

« Leurs coeurs ne semblent pas intéressés par la source de la connaissance et ils en oublient les manifestations depuis que leur imagination leur a fait découvrir la source des richesses terrestres; car dans la manifestation du révélateur de la connaissance, on ne trouve que l'appel au sacrifice. » (Bahá'u'lláh, Livre de la Certitude)

Et il en est de même pour tous les autres hommes qui ont rejeté le message de Dieu pour les mêmes raisons.

Une autre raison pour laquelle les hommes n'ont pas effectué de recherche sincère est que certains d'entre eux ont une attitude sectaire. Le sectarisme est une très grave maladie spirituelle puisqu'elle empêche les hommes de s'ouvrir à toutes les sources de spiritualité, ne considérant que la leur comme digne et valable. Or, comme nous l'avons vu précédemment, les voies de la révélation des signes du Seigneur sont innombrables...

« Les juifs croient être les seuls à posséder la vérité et ils condamnent toutes les autres religions. Les chrétiens affirment que la leur est la seule vraie et que toutes les autres sont fausses. Il en est de même des bouddhistes et des musulmans. Toutes ces religions se limitent elles-mêmes. Si toutes se condamnent les unes les autres, où chercherons-nous la vérité ? Puisqu'elles se contredisent l'une l'autre, elles ne peuvent toutes être vraies. Si chacun croit que sa religion particulière seule est vraie, il ferme les yeux à la vérité contenue dans les autres. Si un juif, par exemple, est attaché aux pratiques extérieures de la religion d'Israël, cela l'empêche de concevoir que la vérité peut exister dans toute autre religion; pour lui, cette vérité est contenue tout entière dans la sienne. » (Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris)

Chaque chercheur de vérité doit avoir à l'esprit que la vérité peut se manifester par le biais de tous les hommes, comme nous l'avons vu plus tôt, même s'il considère untel ou untel comme infidèle.

Et enfin, la dernière entrave majeure (bien qu'il y'en ait d'autres...) à la recherche de la vérité que j'évoquerai dans ce chapitre est la présence de préjugés chez le chercheur. Un des préjugés qui empêche la recherche sereine de la vérité dans toutes les religions, ou dans toute école de pensée, est le fait de donner du crédit aux critiques négatives et sectaires que formulent les hommes sur les religions ou courant de pensées différents des leurs. Ainsi, comme nous l'avons vu, il en résulte que les hommes croient que leur courant religieux est le seul à détenir la vérité et que tous les autres sont inaptes à révéler la moindre parcelle de lumière...

« De même qu'il exhorta les peuples à mettre fin aux luttes et aux discordes, je désire moi aussi vous expliquer la raison principale du malaise qui existe chez les nations. La cause primordiale est la présentation erronée de la religion par les chefs et les éducateurs religieux. Ils font croire à leurs adeptes que leur propre forme de religion est la seule qui plaise à Dieu, que les fidèles des autres croyances sont condamnés par le Père - qui est tout amour - et qu'ils sont privés de sa clémence et de sa grâce. Il en résulte que la réprobation, le mépris, la discorde et la haine s'élèvent entre les peuples. Si ces préjugés religieux pouvaient disparaître, la paix et la concorde régneraient bien vite entre les nations. » (Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris)

Par conséquent, beaucoup d'hommes considèrent les adeptes des autres religions comme des êtres impurs, méchants, mal-intentionnés, et donc inaptes à suivre une voie pouvant contenir une grande parcelle de vérité.

« L'inimitié n'est plus autant cause de séparation que ce qu'elle était; maintenant la cause de la désunion est principalement le préjugé. Par exemple, jadis quand les Européens visitaient l'Orient, ils étaient considérés comme impurs et étaient haïs. » (Abdu'l-Bahá à Londres)

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