LE JEÛNE DANS LA FOI BAHÁ'ÍE [8]

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III - Mérite et spiritualité liée au jeûne dans la Foi Bahá'íe

Il va de soit que la littérature des écrits saints évoque le mérite et de l'apport spirituel du jeûne. Puisque le jeûne a toujours tenu une très grande importance dans la plupart des dispensations religieuses connues, je citerais les textes de certaines manifestations de Dieu qui abordent cet aspect.

Alláh - exaltée soit Sa gloire - a dit : « Le Messager a cru en ce qu'on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi les croyants : tous ont cru en Alláh, en Ses anges, à Ses Livres et en Ses messagers; (en disant) : Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers. Et ils ont dit : Nous avons entendu et obéi. Seigneur, nous implorons Ton pardon. C'est à Toi que sera le retour. » [Sourate 2 - verset 285]

Considérant que toutes les paroles divines contenues dans les textes saints sont authentiques, elles demeurent toutes acceptables.

« Cela ne signifie pas, comme le croient ces faibles esprits, que les prêtres juifs et chrétiens ont supprimé du Livre les versets qui louaient et glorifiaient Muhammad, en y mettant des versets qui disent le contraire. Cette prétention serait aussi fausse que ridicule : un homme qui croit dans un Livre révélé, peut-il l'altérer ? La Bible surtout qui était répandue dans le monde entier et non à Médine et à La Mecque seulement. » [Bahá'u'lláh - Le Livre de la Certitude]

La spiritualité est la partie de la religion qui n'est jamais abrogée, mais qui est éternellement enrichie par les révélations successives. Les enseignements spirituels des Livres divins sont donc effectifs pour notre époque.

A - Le jeûne renferme un pouvoir de guérison

Les textes sacrés nous enseignent que le jeûne détient un pouvoir pour guérir aussi bien les maux physiques que les maux spirituels.

« Il n'y a qu'un pouvoir qui guérit, c'est Dieu. L'état ou la condition qui permettent la guérison c'est la confiance du coeur. Quelques-uns atteignent cet état au moyen de pilules et de poudres et grâce à des médecins. D'autres au moyen de l'hygiène, du jeûne, et de la prière; d'autres grâce à une aptitude particulièrement sensible qui leur permet de percevoir les choses directement. » [Abdu'l-Bahá à Londres]

En vouant un acte d'adoration à Dieu, on invoque Sa pitié et Son éternel pouvoir de guérison. En effet, notre Seigneur a le pouvoir de guérir les maux.

« Si tu écoutes attentivement la voix de l'Éternel, ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses yeux, si tu prêtes l'oreille à ses commandements, et si tu observes toutes ses lois, je ne te frapperai d'aucune des maladies dont j'ai frappé les Égyptiens ; car je suis l'Éternel, qui te guérit. » [Thora - Livre de l'Exode]

Le jeûne a un double pouvoir de guérison. Il peut guérir les maux spirituels comme l'attachement excessif au matériel, l'oubli de Dieu, l'égoïsme (en méditant sur le cas des personnes dans le monde qui ne mangent pas à leur faim par exemple). Si le croyant jeûne, il est susceptible de voir descendre sur lui la bénédiction divine qui contient un pouvoir de guérison spirituel notamment.

« La guérison complète ne peut survenir que si, pendant le traitement, nous recevons la bénédiction divine, car le traitement médical n'est que le moyen extérieur et visible qui nous permet d'obtenir la guérison spirituelle. Guérir le corps sans l'esprit ne sert à rien. Tout est dans les mains de Dieu et sans Lui, nous ne pouvons recouvrer la santé. » [Abdu'l-Bahá à Londres]

Mais le jeûne détient également le pouvoir de guérir certains problèmes physiques. De nombreux scientifiques et médecins ont publié des travaux ou des articles qui exposent en détail les vertus du jeûne sur le corps humain.

« Bien souvent malmené par une alimentation déséquilibrée ou trop riche, le système digestif prend quelques vacances grâce au jeûne : « Le foie et les parois de l’intestin se régénèrent, le pancréas et l’estomac sont mis au repos et la flore intestinale se rééquilibre », explique la professionnelle. En favorisant l'élimination de toutes les toxines de l'organisme, le jeûne se transforme en véritable détox.

S'il ne doit pas être considéré comme un régime, le jeûne entraîne néanmoins obligatoirement une perte de poids. « Quand nous consommons plus de calories que ce dont notre corps a besoin, le surplus est stocké sous forme de graisse. Pendant le jeûne, le corps puise directement dans ces réserves et brûle des calories », explique le docteur Wilhelmi de Toledo.

C’est une conséquence directe de la perte de poids. « Les excès augmentent le risque de développer une maladie cardio-vasculaire. Quand nous jeûnons, notre taux d’insuline et notre taux de sucre diminuent, les graisses stockées sont mobilisées, et les réserves excédentaires vidées. » Sans oublier qu'une bonne hygiène de vie au quotidien participe à la bonne santé cardio-vasculaire.

C'est pour le moins étonnant. D'autant plus que nous aurions plutôt tendance à être agressifs lorsque la faim nous tiraille ! Mais après deux ou trois jours de jeûne, la sensation de faim disparaît. « Nous ne sommes plus dans le cycle classique « j’ai faim, je mange, je suis rassasié ». Nous entrons dans un état de contentement et l’on ressent de la sérénité », explique Françoise Wilhelmi de Toledo. L’experte rappelle que ce grand ménage de l’esprit ne peut s’opérer qu’à condition de respecter certaines règles : « Un jeûne nécessite de la disponibilité pour rythmer les journées par des lectures, des marches ou de la méditation. » [http://madame.lefigaro.fr/bien-etre/les-bienfaits-du-jeune-200415-96232]

Il est donc clairement démontré que le jeûne renferme un puissant pouvoir de guérison.

B - Le jeûne constitue une protection durant les épreuves

En plus de posséder un pouvoir curatif, le jeûne constitue une protection contre les épreuves.

« De plus, la prière et le jeûne provoquent un réveil et un épanouissement de l'esprit et constituent une assurance contre les épreuves. Vos visages s'illumineront de la lumière même de votre supplication et de votre invocation. » [Abdu'l-Bahá - L'Art Divin de Vivre]

En plus de cette grâce divine, il faut également savoir que Dieu prête une attention particulière aux invocations des jeûneurs.

Le Prophète Muhammad - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « L'invocation de celui qui jeûne sera exaucée chaque fois qu'il rompt son jeûne. » [Rapporté par Ibn Mâja]

Il est donc bon de beaucoup invoquer le Seigneur au moment de la rupture du jeûne afin que celui-ci nous délivre du tourment de nos épreuves.

C - Le jeûne a la capacité de renforcer l'unité de l'humanité

Le jeûne n'est pas seulement un moyen permettant à l'individu de se rapprocher de son Seigneur. Il est également un moyen très important de renforcer les sentiments de solidarité envers notre prochain. En effet, comme je l'ai mentionné plus tôt, pendant que le jeûneur se prive de nourriture, il doit méditer et prendre conscience qu'il existe des gens sur terre qui ne peuvent pas manger ou qui souffrent de malnutrition. Ainsi, le jeûne s'il est correctement vécu et pratiqué, permet au croyant d'effectuer une prise de conscience de ce que peut ressentir son prochain.

Le Prophète Muhammad - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « Les musulmans, dans l'amour, l'affection et la miséricorde qu'ils se portent, sont comparables à un seul corps. Lorsque un membre est affecté, c'est l'ensemble du corps qui ressent la douleur et s'enfièvre. » [Rapporté par Al-Bukhârî et Mouslim]

Les écrits bahá'ís attestent également de cette réalité :

« Cela signifie de considérer le bien de la communauté comme son bien propre. Bref, cela signifie considérer l'humanité comme un simple individu et soi-même comme un membre de ce corps, et savoir en toute certitude que si la souffrance ou quelque blessure afflige un membre de ce corps il en résulte inévitablement de la souffrance pour tout le reste. » [Abdu'l-Bahá - Le Secret de la Civilisation Divine]

L'objectif suprême du Plan Divin est de faire parvenir l'humanité à une unité parfaite et universelle :

« Ô vous enfants des hommes ! L'objet fondamental de la foi de Dieu et de sa religion est de sauvegarder les intérêts de la race humaine, d'établir son unité et de développer entre les hommes l'esprit d'amour et de fraternité. Ne souffrez pas que cette foi devienne, parmi vous, une source de trouble et de discorde, de haine et d'inimitié. Tel est le droit chemin que vous devez suivre, la fondation immuable sur laquelle vous devez bâtir. Tout ce que vous édifierez sur de tels fondements, les chances et les vicissitudes de ce monde n'en pourront entamer la résistance, ni le cours des siècles innombrables en miner la structure. » [Extraits des écrits de Bahá'u'lláh]

Durant la période du jeûne, il est coutumier que les gens s'invitent mutuellement et partagent des moments ensemble au moment de la rupture du jeûne.

Le Prophète Muhammad - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « Quiconque offre à un jeûneur de quoi rompre son jeûne aura une récompense égale à la sienne sans que sa récompense ne soit déduite de celle du jeûneur. » [Rapporté par At-Tirmidhi, Ibn Mâja et Ibn Hibban]

Cette pratique s'apparente à une forme d'aumône. Les traditions religieuses ont toujours associé le jeûne et la pratique renforcée de l'aumône.

Le Prophète Muhammad - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « La meilleure aumône est celle donnée pendant le Ramadan. » [Rapporté par Al-Tirmidhi]

D'autres versets sacrés attestent de l'importance de participer à des moments de joies et de fêtes avec nos semblables :

« Chaque fois que vous êtes invités à un banquet ou à une fête, répondez-y avec joie et plaisir et à quiconque tient sa promesse, il ne lui sera rien reproché. C'est un jour où chacun des sages décrets de Dieu a été expliqué. » [Bahá'u'lláh - Kitab-i-Aqdas]

Mais aussi :

« Que les jours excédentaires soient placés avant le mois du jeûne. Nous avons décrété que, parmi tous les jours et toutes les nuits, ceux-là seraient les manifestations de la lettre Há, et c'est ainsi qu'ils n'ont pas été compris dans les limites de l'année et de ses mois. Au cours de ces journées, il convient au peuple de Bahá d'organiser de bons repas pour eux, pour leur famille et, au-delà, pour les pauvres et les indigents, puis de saluer et de glorifier leur Seigneur, de chanter ses louanges et de magnifier son nom, dans la joie et l'allégresse; et lorsque finissent ces jours de générosité qui précèdent la période de restriction, qu'ils commencent le jeûne. Ainsi l'a ordonné le Seigneur de toute l'humanité. » [Bahá'u'lláh - Kitáb-i-Aqdas]

Ou encore :

« Et [ils] offrent de la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l’orphelin et au prisonnier, (disant) : « C’est pour le visage d’Alláh que nous vous nourrissons: nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude. » [Sourate 8 - verset 12]

Il est évident que la période du jeûne permet d'associer les moments d'efforts, les moments de convivialité et les moments de générosité. C'est en tout cas ainsi que les textes sacrés la décrivent.

D - La pratique du jeûne nous permet de nous rapprocher de Dieu

Comme nous l'avons expliqué tout au long de cet article, la pratique du jeûne permet au croyant de se rapprocher considérablement de son Seigneur.

Le Prophète Muhammad - que la paix et la bénédiction soient sur lui - a dit : « Chaque fois que quelqu'un jeûne un jour par amour de Dieu, Dieu éloigne à cause de ce jour son visage du feu de l'Enfer d'une distance égale à ce qu'on parcourt en soixante dix ans. » [Rapporté par Al-Boukharî et Mouslim]

Il est évident qu'une personne qui est éloignée de l'Enfer se rapproche inévitablement de Dieu et de Son bon plaisir. Durant le jeûne, il est recommandé aux personnes de multiplier les invocations et les prières, car celles-ci sont dotées d'un pouvoir spécial, comme nous l'avons vu précédemment. Plusieurs prières ont été spécialement révélées dans les écrits baha'is pour le mois du jeûne.

« Ô Dieu de miséricorde, toi de qui la puissance pénètre toutes choses créées, tu vois tes serviteurs, tes esclaves, observer durant le jour, selon le bon plaisir de ta volonté, le jeûne que tu leur as prescrit, et se lever dès l'aurore pour prononcer ton nom et célébrer ta louange, dans l'espoir qu'ils obtiendront ainsi leur part des bonnes choses amassées dans les coffres de ta grâce et de ta bonté. Je te supplie, ô toi qui tiens dans tes mains les rênes de toute la création, et sous ta domination le royaume tout entier de tes noms et de tes attributs, je te supplie de ne pas priver, en ce jour, tes serviteurs des bienfaisantes averses qui pleuvent des nuages de ta miséricorde et de ne pas les empêcher d'avoir leur part de l'océan de ton bon plaisir. » [Extraits des écrits de Bahá'u'lláh]

En se rapprochant du Seigneur, les croyants purifient leurs âmes et s'éloignent, par conséquent, des péchés et de tout ce qui leur est inutile du point de vue matériel comme nous l'avons vu précédemment.

« Toutes les bonnes habitudes, toutes les nobles qualités appartiennent à la nature spirituelle de l'homme, alors que toutes ses imperfections et ses mauvaises actions proviennent de sa nature matérielle. Si la nature divine d'un homme domine sa nature humaine, il devient un saint. L'homme est à même de faire le bien ou le mal. Si ses tendances vers le bien prédominent et s'il maîtrise ses mauvaises inclinations, alors on peut vraiment dire qu'il est un saint. Si, au contraire, il rejette les principes de Dieu et se livre à ses passions perverses, alors il ne dépasse pas l'état de pure animalité. » [Causeries d'Abdu'l-Bahá à Paris]

Tout cela permet au croyant de fortifier sa naturelle spirituelle en l'aidant à prendre le dessus sur les bas instincts de sa nature matérielle et animale.
 

Fin.

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